L’intelligence artificielle (IA) progresse à grande vitesse et transforme de nombreux secteurs, de la santé à l’éducation en passant par la finance et la gouvernance publique. Si ces avancées ouvrent des perspectives prometteuses, elles suscitent aussi des interrogations sur leur encadrement et leur accessibilité. Face à ces enjeux, plusieurs nations ont décidé de financer des projets d’IA tournés vers l’intérêt général.
Lors du Sommet pour l’action sur l’intelligence artificielle, qui s’est tenu les 10 et 11 février 2025 à Paris, la fondation Current AI a été officiellement lancée. Soutenue par neuf pays, dont la France, l’Allemagne et le Maroc, elle dispose d’un budget initial de 400 millions de dollars. Son objectif est clair : encourager le développement d’une IA éthique, transparente et accessible à tous.
Une initiative internationale pour encadrer l’IA
Jusqu’à présent, le développement de l’IA a été largement dominé par des entreprises privées, avec des investissements massifs des géants de la tech. Cette concentration soulève des préoccupations en matière de contrôle, de régulation et d’inclusion. La création de Current AI marque une volonté politique de rééquilibrer cette dynamique en plaçant les avancées technologiques au service du bien commun.
Lancée sous l’impulsion de plusieurs gouvernements et soutenue par des entreprises et institutions, cette initiative vise à garantir une plus grande transparence dans le développement des algorithmes. Parmi les pays fondateurs, on retrouve des acteurs majeurs de l’innovation, mais aussi des économies émergentes souhaitant assurer leur place dans cette révolution technologique.
Au-delà du financement, Current AI entend favoriser une coopération internationale. Des partenariats avec des universités, des centres de recherche et des organisations non gouvernementales permettront de mutualiser les connaissances et d’assurer un déploiement équilibré des technologies d’IA.
Des projets ouverts et collaboratifs
L’un des piliers de Current AI repose sur l’ouverture et l’accessibilité des technologies qu’elle soutiendra. Contrairement à certains modèles fermés, les projets financés devront respecter des principes de transparence et de partage. Les résultats de recherche seront en grande partie accessibles en open source, garantissant ainsi une diffusion large des innovations.
Les domaines d’application prioritaires ont déjà été définis : santé, éducation, écologie et accès à l’information. Dans le secteur de la santé, l’IA pourrait être utilisée pour améliorer le diagnostic précoce des maladies ou optimiser la gestion des hôpitaux. En éducation, elle pourrait permettre de développer des outils d’apprentissage personnalisés pour les élèves du monde entier.
Un autre axe fort de cette initiative concerne la réduction des biais algorithmiques. L’intelligence artificielle repose sur des bases de données souvent marquées par des déséquilibres, ce qui peut conduire à des discriminations involontaires. Les chercheurs financés par Current AI auront pour mission de proposer des solutions pour rendre les algorithmes plus équitables et plus inclusifs.
Un financement structuré pour un développement durable
L’enveloppe de 400 millions de dollars sera répartie sur plusieurs années, avec un suivi rigoureux des projets sélectionnés. Un comité indépendant, composé d’experts en IA, de philosophes, d’éthiciens et de représentants de la société civile, évaluera chaque initiative pour s’assurer de sa pertinence et de son impact social.
Une partie des fonds sera dédiée aux start-ups innovantes et aux laboratoires de recherche indépendants. L’objectif est d’éviter une concentration des financements sur les grandes structures et de donner leur chance à des initiatives émergentes qui pourraient transformer en profondeur certains secteurs.
Current AI prévoit également d’impliquer directement les citoyens dans le suivi des projets. Une plateforme participative sera mise en place, permettant au public d’accéder aux avancées des recherches et de donner son avis sur les orientations prises. Cette approche inédite vise à renforcer la confiance dans l’IA et à garantir une transparence totale des décisions.